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Le blog de la ranulphette
17 février 2007

Let's get it started

Le fait marquant de ce vendredi 16 février, c'est bien entendu l'ouverture en grande pompe du festival des ratés baccalauréens. Et oui ,ce fameux bac blanc dont je vous rebat les oreilles depuis quelque chose comme un mois maintenant a finalement commencé . Ce matin ,une centaine d'élèves de terminale ,toutes séries confondues, réunis en salle Weber ou Polyvalente,  planchaient sur la terrible épreuve de philosophie . Bon alors, je vous décris un peu le truc, c'est assez marrant. Tu as deux catégories de préparationnaires : les premiers, qui ne constituent tout de même, quoiqu'en pense notre professeur,  qu'une frange marginale de la population carcérale des élèves, se foutent comme de leur première chemise de cette épreuve qui, rapellons-le, n'est coefficientée que 2 (tout de même autant que l'oral de français) . Inutile de préciser qu'ils n'ont jamais touché leur cours de philosophie .L'immense majorité restante est constituée d'élèves dont nous ne dirons pas qu'ils rentrent en devoir en kamikazes, mais presque. Leur analyse n'est d'ailleurs pas dénuée de sens: le rapport entre travail et note n'est pas,en philosophie, analytique, loin de là. En clair, tu peux bosser comme un nègre et te retrouver devant un texte ou un sujet auquel tu ne comprends goutte. Donc autant en faire le minimum. L'objectif de cette sympathique masse de résignés et d'éviter le zéro éliminatoire et, si Dieu les a à la bonne ce jour-là, de décrocher un truc tournant autour du 5. 

Voilà pour la préparation, passons maintenant à l'épreuve elle-même. Bon, il est 7 heure et demie, les terminales sont, pour une fois, à l'heure au réfectoire, et sont tous en train de se groinfrer de céréales et de pain au Kiri (sucres lents, bons pour les efforts de longue haleine). Comme d'habitude,c'est la panique chez mes copines Ouarit et Assoul qui non contentes d'avoir égaré leur convoc', se sont amenées sans pièce d'identité (Justificatif pitoyable : chavai po ki fallait la convocation). Je dois admettre qu'en matière de bordélitude et de mauvaise organisation, elles se sont surpassées sur ce coup-là. 'Fin bref, tout finit par rentrer dans l'ordre. A l'heure dite, nous pénétrons dans la salle Polyvalente, aménagée pour les exams, avec les tables en colonnes, les noms des élèves scotchés, la feuille de présence à signer, tout le tremblement, quoi. Ne reste plus que les sujets. Y'avait quoi demander, ma p'tite demoiselle, le voilà ton sujet, éclate-toi.

Alors au choix: Dissertation : La vérité est-elle tyrannique ?

Commentaire de ce bôtruc,cette sympathique usine à gaz conceptuelle appelé texte philosophique :

"Tout mot devient immédiatement concept par le fait qu’il ne doit pas servir justement pour l’expérience originale, unique, absolument individualisée, à laquelle il doit sa naissance, c’est-à-dire comme souvenir, mais qu’il doit servir en même temps pour des expériences innombrables, plus ou moins analogues, c’est-à-dire, à strictement parler, jamais identiques, et ne doit donc convenir qu’à des cas différents. Tout concept naît de l’identification du non-identique. Aussi certainement qu’une feuille n’est jamais tout à fait identique à une autre, aussi certainement le concept feuille a été formé grâce à l’abandon délibéré de ces différences individuelles, grâce à un oubli des caractéristiques, et il éveille alors la représentation, comme s’il y avait dans la nature, en dehors des feuilles, quelque chose qui serait "la feuille", une sorte de forme originelle selon laquelle toutes les feuilles seraient plissées, dessinées, cernées, colorées, crêpées, peintes, mais par des mains malhabiles au point qu’aucun exemplaire n’aurait été réussi correctement et sûrement comme la copie fidèle de la forme originelle."

Nietzsche, (Le livre du philosophe)

Reactions de la salle: assez variées .Ca va de l'éclat de rire pur et simple (moi à la lecture de l'intitulé du sujet de dissertation), à l'effroi caractérisé, en passant par l'indifférence et la lueur de joie. Oui, vous avez bien lu, des gens ont été JOYEUX à la lecture du sujet, nous reviendrons sur ce point déconcertant. Mais revenons en à l'épreuve. Tu dois maintenant choisir entre ces deux maux le moindre. Pour moi ça n'a pas été long : j'ai détourné le regard de cette vilaine question de dissertation, et je me suis attelée à la compréhension du texte de l'ami Friedrich .( Plus tard au cours des quatre heures, j'ai du cacher la question avec le bouchon de mon stylo encre parce qu'elle me brûlait les yeux, avec sa façon malsaine de me fixer, un peu comme la Joconde, vous voyez ?) . Première heure : euh, ouais, je vois à peu près ce que tu veux dire mon pote. Maintenant je dois le redire d'une façon qui fasse croire que je ne me borne pas à répéter ce que tu dis de manière moins classe. Allez cerveau, travaille, produit, enfante une oeuvre sur l'oeuvre ! Je prends des notes des débilités qui traversent mon cerveau (ça donne un truc comme: "t'auras zéro". Quoi que ça soit plutôt prémonitoire que stupide) .Je gribouille sur mon sujet, je me dis qu'avec un peu de chance mon stylo va s'animer et guider ma main, pour accoucher d'une splendide explication de texte suivie d'une discussion non moins brillante et pertinente. Beau fantasme. Mon stylo reste inerte, lamentablement accroché à ma main qui vagabonde tristement sur la feuille de brouillon vert empire.  Deuxième heure. Ma main et mon cerveau ont des crampes. Mon cou me fait mal, allez on lève la tête pour observer les gens. Bonne surprise, près des trois quarts de la salle ont eu la même idée et s'observent mutuellement, leurs regards exprimant qui le désarroi, qui la dérision, qui le vide d'un oeil de carpe. Le soleil, dehors, brille de mille feux et le ciel est d'un bleu limpide. Des gens insouciants déambulent dans la cour (profitez de votre inaction, inconscients). Il fait chaud. C'est mon crâne qui surchauffe. Bon, je vais quand même écrire l'introduction, peut-être le reste viendra t'il dans la foulée ? Vingt minutes ! Vingt minutes pour une introduction de même pas dix lignes ! Et j'ai du essorer mon cerveau. Allez, nouveau coup d'oeil. Je croise le regard de Ghita, dont l'oeil éteint me renseigne sur l'état mental aussi efficacement que le l'index pointé sur sa tempe, dans un geste imagé de détresse morale. Troisième heure : je commence à en avoir plein le dos de la philo . J'ai fini mon explication de texte, mais le calvaire ne fait que commencer : il faut que je pose une problématique en rapport avec la question soulevée par le texte, et que j'y réponde de manière à apporter quelque chose au texte. Mais j'ai rien à apporter moi ! J'les pige même pas tes idées, mon pote, comment tu veux que j'en pense quoi que ce soit ? Qu'est-ce que tu me fais yèche avec tes histoires de concept ? Mais pas étonnant qu'il soit mort cinglé, ce mec, c'est quoi ces problèmes à la con ? (phase authentique de ras-le-bol). Allez, repos 10 minutes. Heure trois et demie : j'ai finalement réussi à écrire des petits trucs débiles en répétant vingt mille fois la même chose de manière différente. Mon dico interne des synonymes y est passé en entier. Heure trois et trois quarts: Allez, on va conclure (My name is not Michel Blanc, et oui, je suis lourde, mais j'ai le droit). Dans ce texte, Freddy nous blablate des tas de trucs 'achement interessants, et je suis sûre que ça me servira dans le diners mondains machin-toussa. Maintenant, vénéré prof de philosophie, sois clément et ne me donne pas deux, car sinon je serait technicienne de surface et, des dîners mondains, j'en aurais avec le balayeur et le laveur de vitres, qui n'en ont pas tellement grand chose à foutre de savoir que le langage est réducteur et ne rend pas fidèlement compte de la réalité. D'habitude, je n'aime pas quitter une épreuve avant l'écoulement total du temps imparti, ne serait-ce que par hypocrisie envers moi même, genre, j'ai fait mon possible, je me suis donnée jusqu'au bout (huhu) , mais cette fois, je suis sortie dix minutes avant la fin, tellement les émanations nitzschéennes m'ont tourné la tête. En plus, le store était coincé en haut et, avec ma chance légendaire, je me suis retrouvée à côté de la fenêtre à me recevoir tous les rayons de soleil qui font bouillir le cerveau et qui donnent mal au crâne.

Comme la sortie fut jouissive ! Comme l'air me parût frais et embaumé ! D'autant que nous étions à côté du refectoire et que les effluves de nourriture, même infecte, me faisaient saliver d'envie. Ah ouai, parce que j'ai oublier de dire que dès la deuxième heure, j'ai crevé la dalle. Ben oui, réfléchir, ça creuse, surtout quand on ne le fait pas régulièrement. J'échange de grands éclats de rire avec mes camarades. Nous nous faisons l'effet de prisonniers enfin rendus à la liberté après une détention particulièrement éprouvante. Nous nous récrions en coeur sur la difficulté du texte, nous comparons nos problématiques, nous soufflons.

Décidément, je n'ai qu'un mot à dire de tout ça : bac de merde. Je ne sais pas comment je vais faire après 4 heures de bio pour enchaîner sur 4 heures d'histoire géo ! A la fin de la semaine prochaine, je serait un zombie et j'irais manger des vers de terre et boire le sang de rats en compagnie de mes compagnons perdeurs de boule.

La moitié des terminales, en dépit de l'interdiction prononcée par la CPE, se sont cassés du lycée pour se reposer, surtout que beaucoup avaient deux heures de philosophie, ce qui est assez sadique, quand on y pense. C'était assez drôle vu qu'il fallait ruser pour pouvoir sortir légalement du lycée. Le truc qu'on fait les internes par exemple, c'est de se précipiter chez l'infirmière pour feindre un malaise. Celle ci apelle alors les parents , qui viennent chercher leur machiavélique rejeton. Mais ça ne marche pas à tous les coups. Mes copines Rita et Assoul (encore elles), se sont trahies en déclarant benoitement à l'infirmière qu'elles voulaient "rentrer pour bosser". Et pourtant Assoul avait assez préparé le terrain en allant se faire porter pâle au moins deux fois par jour cette semaine. Réaction de la bonne dame (qui était en train de prendre la tension d'Assoul): Haha ! Tu t'es trahie !Allez enlève moi ça (l'appareil pour mesurer la tension) .Genre on est prisonniers et on doit feinter le personnel pour que nos parents puissent nous récupérer .Ca s'est finalement arrangé, mais je trouve que le lycée vire à l'état policier: on ne peut plus circuler comme on veut ! Vivement qu'on se casse !

Ah ouai ! Lundi il y a eu un tremblement de terre au lycée. Enfin, une mini-secousse, une secoussette quoi. On n'y aurait même pas fait attention si les surveillants n'étaient pas venus nous ordonner de quitter les bâtiments par ordre d'un ambassadeur de chai-pas-quel-bled.On croyait juste que c'était un type un peu enveloppé qui montait les escaliers quatre à quatre (bon, plutôt un type au gabarit de Hulk, mais bon). Bon c'était sympa de sa part parce qu'on a raté le cours de spé, et qu'on a rien foutu de la matinée et qu'on a eu le droit de rentrer dans les bâtiments qu'à 2 heures, mais c'était assez idiot parce qu'imagine qu'il y ait eu une secousse à 2h 30 ? Fin bref, je ne sais plus ce que je dis , je meurs d'envie d'aller dormir car, je ne sais pas si tu l'as compris ami lecteur, mais je suis épuisée.

Au fait, mon prof de philosophie m'a lancé un challenge assez sympa. En fait c'est une sorte d'expérience, qui suppose qu'à partir de dans pas longtemps après le bac blanc, je vais commencer à relever le niveau des articles. Ca va commencer par l'analyse de l'extrait de l'oeuvre d'un philosophe parue dans le Monde Diplomatique. En gros, si la fréquentation baisse, c'est que vous êtes des misologues, c'est à dire une bande de crétins déscérébrés. Sinon, non.

Mais bon, je m'accorde encore quelques temps de bas de gammerie.  C'est moins fatigant. Bonne nuit, gens d'ici et d'ailleurs !

(ouaouh, je viens de réaliser la longueur du post ! )

Tu n'es pas obligé de le lire en entier, mais bien sûr, c'est mieux si tu le fais. Enfin moi je dis ça, je dis rien.

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Commentaires
C
de bien mauvais souvenirs ressurgissent à la lecture de ton post... Je m'étais plantée en beauté en maths, mon épreuve reine, ma spécialité.<br /> Je crois que j'avais du avoir un 8 ou quelque chose approchant. Heureusement que j'avais eu des 17 le reste de l'année, sinon adieu grandes prépas .<br /> Quand à la philosophie, j'ai moi aussi bien ri devant mon sujet de dissertation du vrai bac : "A quoi reconnait-on l'humanité en chaque homme ?" Ca m'a tellement marqué que je m'en souviens encore.<br /> Pour répondre à ta question: je pense que la détente s'explique d'abord par les crises internes au deux blocs (échec de l'éco planifiée en URSS, dissidence, guerre du Vietnam ), mais que, dans une sorte de de rétroaction positive, elle influe aussi sur la montée en puissance de cette même contestation : les USA ne peuvent plus justifier leur domination sur le bloc occidental par la menace communiste. Et avec Helsinki (reconnaissance des droits de l'Homme), la dissidence soviétique est galvanisée.<br /> Et je te souhaite tout le succès possible pour la suite du calvaire !
M
>Zima: c'est un peu faire l'autruche non ?<br /> <br /> >Zinou: ouah, moi ça fait une semaine qu'en histoire, je pédale dans la choucroute. Je suis bloquée à la détente, et j'ai fait une impasse sur la construction européenne !
Z
ahhhhhhhhhhhh pour vous rassurer! moi j'ai pas encore touché la BIO!!!! waaaalo_u!!! merdemerdemerde!!! l'histoire géo encore moins!! wa c'est la merde! franchement un bac blanc fait comme ca a la hate c'est n'importe quoi!!! pfffffffff... et nos dossiers dans la merde!!! ahhhhhhhh wa notre avenir anomce la précarité!!!!
Z
rita je te rassure tu n'es pas la seule à stresser et pas la seule à ne pas avoir appris l'histoire géo ... je pense que le meilleure solution ce n'est pas stresser sinon tu bloques et tu ne fais rien essaie d'apprendre le maximumu et dis toi que tu pourras te debrouiller mm si tu ne maitrises aucunes de tes lecons d'histoire géo et d'svt ...:) moi c'est ce que je me dis pour me rassurer !!!!
M
Nous courons droit à la catastrophe. En plus la bio, c'est ma spé à moi! <br /> Si j'ai l'UE en géo, je me suicide.
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